jeudi 28 mars 2013

Les revenants – Laura Kasischke





Après avoir lu le roman Un oiseau dans le blizzard, qui m’a séduit par sa simplicité (caractéristique qui me plait particulièrement dans les romans!) et ses images bouleversantes, j’avais envie d’en savoir un peu plus sur les autres romans de Laura Kasischke, professeure de l’art du roman à l’Université Ann Arbor, Michigan. Même si je préfère habituellement les courts romans, l’histoire des Revenants m’attirait davantage, c’est pourquoi j’ai décidé de me plonger quand même dans ce roman de plus de 660 pages!

Ne vous laissez pas décourager par la multiplicité d’histoires racontées par les quatre personnages principaux de l’histoire, à 3 moments différents (sans indication de temps!); c’est un petit peu difficile de s’y retrouver au début, mais on s’y habitue rapidement et ça donne une profondeur immense au roman. L’histoire s’ouvre sur une scène d’accident de voiture d’un jeune couple à laquelle Shelly, professeure de musique au Honors College, est l’unique témoin. Pour une raison qu’elle ignore, la presse raconte des faits inexacts sur l’évènement, malgré ses démarches pour tenter de corriger les propos des journalistes. Ensuite, nous avons le point de vue de Craig, le jeune homme de l’accident accusé d’avoir tué sa copine Nicole en conduisant après avoir consommé de la drogue, et de son colocataire Perry, un étudiant surdoué originaire de la même ville que la jeune femme. Et finalement, certains passages sont aussi relatés par Mira Polson, aussi professeure à Honors College d’un cours d’anthropologie convoité par la majorité des étudiants, « La mort, mourir et les non-morts ».

On pourrait qualifier ce roman de "thriller sociologique", car on est par moments dans une intrigue policière, mais il ne faut pas s'attendre à ce que l'auteure déballe tout à la fin. Si l'histoire débute avec un fait divers étrange, le mystère plane tout le long de l'intrigue et se complexifie, jusqu'à nous laisser à la page 663 avec des suppositions, mais la vérité ne sera jamais révélée. Après tout, ce n'était pas si important. Le livre est efficace sans nous imposer de réponses, car il critique les sociétés fermées des plus grands collèges américains où cacher la vérité est chose commune.
Cette histoire, qui n'a rien a voir avec les livres de zombies ou de vampires qui pleuvent en ce moment, confronte les rituels sacrés de la mort avec la réalité d'aujourd'hui, en nous faisant prendre conscience que parfois, la vérité est celle à laquelle nous voulons bien croire. Et surtout, cette question qui nous hante du début à la fin: Qui est réellement Nicole Werner?

Un livre à lire pendant la journée pour les âmes les plus sensibles (comme moi!)



mardi 5 mars 2013

D'acier - Silvia Avallone

 

Piombino, ville industrielle de la Toscane, début des années 2000. Francesca et Anna ont treize ans, bientôt quatorze. Une blonde et une brune; belles, élancées, indécentes, mais surtout bouillonnantes. Elles n'ont qu'un désir: quitter cette ville ignoble, où les générations d'hommes répètent toutes le même métier et où les femmes qu'ils épousent lavent sans relâche les uniformes bleus trempés de la sueur de l'acier. 

Au début, elles sont pareilles. Même grandeur, même désirs. Mais tandis qu'Anna a en exemple une mère active en politique et fière de ses convictions, Francesca n'a pas la même chance. Entre un père violent et parano et une mère impuissante, elle s'accroche à ce qu'elle a de plus cher : Anna.

J'ai été bouleversée par ce roman. Je m'attendais à une histoire plus gaie, un roman moins social, moins réaliste, moins brutal. Et ce ne sont pas des défauts, au contraire. Silvia Avallone a su, avec ce premier roman, décrire avec une connaissance évidente du milieu des usines d'acier ce climat et ce lieu bien particulier où évoluent non seulement les héroïnes, mais aussi les différents personnages qui gravitent autour d'elles. Un roman portant sur deux jeunes femmes en quête d'identité et d'attention m'aurait plu, mais le fait d'en savoir autant sur leur entourage et d'avoir différents de points de vues ont étoffé l'histoire, lui ont donné une complexité et une densité exceptionnelles.

Non sans rappeler le Germinal de Zola, où la mine est un personnage qui avale les ouvriers à leur arrivée et les recrache le soir venu, D'acier nous fait vivre un moment dur, mais duquel on ne sort pas complètement ravagé. Parce que raconter une histoire réelle, c'est aussi parler d'amitié, de beauté, d'enfance, de complicité. 

Mon seul regret est d'avoir lu ce livre trop lentement! Un roman à lire d'une traite, si possible!